Fin tragique du « Québec, printemps 1918 »
Pour l'ensemble de l'évènement, lire les éphémérides du 28, 29 et 31 mars
Malgré les promesses d'Armand Lavergne, l'armée commence à patrouiller dans les rues dès le matin. En ce jour, Lavergne rencontre le major général François-Louis Lessard au Château Frontenac. Celui-ci lui dit qu'il n'a rien promis et qu'il est maintenant temps d'utiliser la force pour rétablir l'ordre.
Sur la rue Saint-Joseph, toute proche, les troubles se multiplient après que l'armée eut vidé manu militari la principale salle de quilles de l'endroit. Le major Mitchell fait alors installer une mitrailleuse au coin des rues Saint-Vallier, Saint-Joseph et Bagot où la foule a finalement abouti. Il crie en anglais aux gens de se disperser mais, comme ils n'obtempèrent pas, il fait tirer.
Les manifestants se dispersent en hurlant mais il y a quatre morts et plusieurs blessés sur le terrain. Quant aux blessés, le lendemain, un journaliste de La Patrie, après une rapide enquête, conclut qu'il y en a eu au moins 70. Chez les soldats, cinq ont reçu divers projectiles. 62 personnes sont arrêtées au cours de la nuit. 58 d'entre elles sont relâchés au cours des jours suivants.
Le lendemain, 2 avril, les soldats patrouillent dans toute la ville et des ordres sévères ( « Shoot to kill! ») ont été donnés. Les arrestations continuent. Il y en a 200 pendant tout le mois d'avril. Le 13 avril, les conclusions de l'enquête sont rendues publiques. Les victimes n'ont pris aucune part aux troubles. Elles se sont tout simplement trouvées au mauvais endroit au mauvais moment. Les soldats qui ont tiré sont disculpés car ils ont tout simplement accompli leur devoir dans la répression d'une émeute.
Les troubles sont dus au manque de jugement des policiers fédéraux et aux spotters qui ont arrêté des gens sans raison valable et qui ont ainsi mis le feu aux poudres. Les familles des victimes, bien qu'ayant fait une demande, n'ont jamais été indemnisées. 80 ans plus tard, une fleur à pétales humains s'élève en ce lieu au sommet d'une sculpture monumentale. Elle symbolise la vie dont on retrouve la puissance dans le mouvement spontané d'un peuple qui se lève pour défendre ses convictions et qu'on découvre si fragile aussi quand la mort arrive de façon violente, comme ce fut le cas, ce printemps-là, pour quatre Québécois.
- Honoré Bergeron, 49 ans, menuisier;
- Alexandre Bussières, 25 ans, mécanicien;
- Georges Demeule, 14 ans, cordonnier et machiniste et
- Joseph-Édouard Tremblay, 20 ans, étudiant à l'École technique.